Accessibilité, Bonnes pratiques, Site internet
Par Emmanuel Sitaud , le
S’il est un domaine qui n’est pas assez traité lors de la conception d’un site internet, l’accessibilité aux personnes handicapés en est bien un. Par manque de temps, de moyens, de connaissances, la plus part des sites web ne sont pas pensés pour les personnes atteintes d’un déficit. Cela les empêche d’avoir accès aux mêmes opportunités que les personnes valides, et peut entraver leur participation pleine et active à la société.
Le sujet peut paraitre marginal au premier abord, mais il concerne 2,7 millions de personnes en France, porteuses d’au moins une limitation fonctionnelle (chiffres CNSA 2021). Si l’accessibilité d’un site internet est obligatoire pour les organismes publics et les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros, il en est aussi de la responsabilité des développeurs et autres porteurs de plus petits projets. Ils doivent s’assurer que leurs outils sont inclusifs et qu’ils n’existent pas de barrières technologiques pour les personnes ayant des difficultés visuelles, auditives, motrices ou cognitives.
Heureusement, il existe des techniques, méthodes et bonnes pratiques à suivre pour rendre les sites internet accessibles au plus grand nombre.
Selon la WCAG 2 (Web Content Accessibility Guidelines) éditée par le W3C, reconnue par les gouvernement et l’ONU, il existe 13 lignes directrices réparties en 4 grands principes pour rendre son outil web accessible à tous.
Tous les éléments de votre site internet doivent être percevables. Il ne peut pas y avoir un élément caché, non consultable par l’un des sens de l’utilisateur.
Toutes les actions présentes sur votre site doivent pouvoir être exécuté par tout un chacun. Il ne peut y avoir de système inopérable.
Votre site internet doit être clair. Chaque personne doit pouvoir comprendre :
Votre site web doit être correctement construit pour permettre à n’importe quel navigateur ou outil de navigation de l’interpréter. Il doit rester accessible, perdurer dans le temps en s’affranchissant de l’évolution des navigateurs ou des technologies d’assistances.
Vidéo d’introduction à l’accessibilité sur le web et les standards W3C. Retrouvez l’ensemble des informations sur les grands principes d’accessibilité et la vidéo adaptée sur le lien suivant : Video Introduction to Web Accessibility and W3C Standards
Il existe deux catégories de personnes déficientes visuelles:
Leur handicap sur internet réside dans la difficulté à restituer ce qui s’affiche à l’écran.
Les aveugles ou personnes très malvoyantes sont accompagnés dans leur navigation par un lecteur d’écran (ou revue d’écran). Ce logiciel propose un synthétiseur vocal et peut envoyer des informations à un afficheur braille (si la personne en est équipée).
Pour que le lecteur d’écran fasse correctement son travail, il est nécessaire d’avoir la possibilité de transcrire textuellement l’ensemble du site internet. Pour cela, il faut :
Les personnes malvoyantes ayant des capacités résiduelles suffisantes sont accompagnées par des logiciels d’agrandissements. Ils permettent :
Si les bonnes pratiques suivies pour les personnes aveugles ou très malvoyantes sont également à suivre, vous devez en parallèle réaliser un travail sur vos couleurs. Les contrastes entre éléments de premier plan et d’arrière plan doivent être clairs. Aussi, n’utilisez pas simplement une couleur pour afficher une information. Par exemple, sur un chiffre négatif, n’utilisez pas uniquement du rouge, pensez à ajouter un « – » devant également.
Visibilité d’un chiffre négatif pour l’adaptation d’un site internet aux personnes en déficience visuelle
Les personnes sourdes ou en déficiences auditives développent une sensibilité forte à l’information visuelle. Mais paradoxalement, alors que le web est de plus en plus visuel, les sourds et mal entendants sont de moins en moins en capacité de lire ces contenus.
En cause, la vidéo ! Que ce soit sur les plateformes de partage de vidéos telle que Youtube, ou sur les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram ou Twitch, l’information visuelle n’est que peut adosser à une information textuelle ou mieux, interprétée en LFS. Si vos textes et images doivent bien-sûr être soignés, la priorité va résider dans l’adaptation de vos contenus, services, dès lors qu’ils utilisent de la vidéo ou de l’audio.
Si vous utilisez de la vidéo sur votre site internet, pour présenter un service ou un produit, privilégiez un hébergeur de vidéo qui possède une génération de sous-titres automatiques. Sinon, pensez à les intégrer à la création de votre vidéo.
Si vous proposez un service de visio (pour votre service après-vente par exemple), deux solutions s’offrent à vous :
Les fichiers audios (voix), même s’ils sont assez rares sur un site internet, demandent d’avoir une alternative texte :
Pour un sourd ou mal entendant de naissance, la langue française « classique » n’est pas sa langue maternelle. Il peut ainsi éprouver des difficultés à en comprendre toutes les subtilités. Dès lors, de simples sous-titres générés automatiquement ne suffiront pas à rendre vos vidéos ou audios pleinement inclusifs.
Pour aller plus loin dans l’accessibilité, vous pouvez donc opter pour la retranscription en Langue des Signes.
Voeux 2023 d’Emmanuel Macron retranscrits en Langue des Signes et en texte.
Le handicap moteur regroupe tous les troubles des membres supérieurs ou inférieurs, qu’ils soient atteints de manière totale ou partielle. La personne touchée par une de ces pathologies va alors avoir des difficultés à utiliser son clavier, sa souris ou son écran tactile.
Afin de parcourir le web, la personne déficiente motrice va alors substituer ces moyens de navigation « classique » par d’autres dispositifs adaptés à son handicap.
Il peut s’agir de :
Pour faciliter cette navigation, l’arborescence et les actions sur le site internet doivent être simplifiées. Toutes les actions possibles à la souris doivent l’être aussi avec le clavier.
Le balisage HTML (Balises titres, paragraphes, liens, boutons) doit être strictement respecté pour favoriser la navigation au clic (faites l’essai avec la touche Tab de votre clavier). Vous pouvez également aider à l’écriture en proposant un remplissage automatique de vos champs de formulaires.
Les personnes déficientes motrices ont des temps de traitement allongés. Ainsi, votre site internet se doit de limiter au maximum la notion de temps dans l’exécution d’une tache. Cela peut aller de la simple lecture d’une page, à l’achat d’un produit ou au renseignement d’un formulaire.
Sauf s’ils sont strictement nécessaires, pour des notions de sécurité par exemple, vous devez enlever ces limitations et privilégier d’autres moyens.
Exemple de contacteurs utilisés par les personnes déficientes cognitives pour la navigation au clic sur les sites internet
Les personnes déficientes cognitives représentent un large spectre d’handicaps :
Pour ces personnes, il est parfois difficile de :
Pour aider ces personnes à naviguer sur un site internet, nous allons nous attacher à construire un design sobre et produire du contenu facile à comprendre.
Les troubles des personnes déficientes cognitives demandent que l’on réduise les distractions et sollicitations visuelles. Oubliez les effets parallaxes et transitions complexes ou donnez la possibilité de les désactiver. Le contenu doit être clair, simple, bien structuré pour favoriser la mise en avant des éléments importants.
La lecture, la recherche d’information, la compréhension de votre arborescence sont autant de sujets délicats pour les personnes atteintes de déficiences cognitives. Il convient de :
Outre les avantages directs pour les personnes atteintes d’un handicap visuel, auditif, moteur ou cognitif, il est bon de mettre en lumière que la construction d’interfaces accessibles entraine des bénéfices en matière :
Parce qu’il suit les bonnes pratiques de construction édictées par la W3C, le site web inclusif bénéficie d’une très bonne lisibilité par les moteurs de recherche. L’expérience utilisateur étant une des dimensions principales des critères de mises en avant, votre site a de grandes chances d’être mieux placé que celui de votre concurrent.
LA WCAG recense 1 milliard de personnes à travers le monde atteintes d’un déficit. Les principes que vous suivrez bénéficieront à un public bien plus large que celui initialement visé. Ces interfaces agréables, intuitives et claires plairont au plus grand nombre et par conséquent contribueront à l’image globale de votre entreprise.
Si l’on voit passer des forfaits d’audits assez onéreux lors d’une refonte, la prise en compte de la dimension d’accessibilité à la genèse d’un projet n’entraine pas de surcoûts insurmontables. On établit celui-ci à plus ou moins 10% de la somme globale. Sachant tous les bénéfices que cette démarche comporte, l’investissement est à étudier sérieusement.
La loi handicap de 2005 pose le principe selon lequel « toute personne handicapée à le droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus de tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté ».
Dans ce cadre, les organismes publics, les organismes privés délégataires d’une mission de service public ainsi que les entreprises à compter d’un seuil de 250 millions de chiffre d’affaires ont pour obligation de proposer des outils de communications accessibles.
Vous pouvez retrouver l’ensemble des 106 critères à respecter sur le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA 4).
Web Accessibility Initiative (WAI)
Web Content Accessibility Guidelines (WCAG 2) (en anglais)
Authoring Tool Accessibility Guidelines (ATAG) (en anglais)
User Agent Acessibility Guidelines (UAAG) (en anglais)
Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA 4)
Nous remercions :
Agence nouvelle des solidarités actives
Crédits photos :
Inscrivez-vous à notre newsletter et restez informé.
Nous nous soucions de la protection de vos données. Lisez notre Politique de confidentialité